Arthur - opéré en 2008 - 2 reports d'intervention
L’angoisse de l’opération reportée
En mars 2008, nous apprenons que notre petit garçon souffre d’une coarctation aortique qui nécessite une intervention chirurgicale à la Timone. Arthur a alors deux ans et demi. 1er
stress.
Commence le long chemin de la préparation à l’opération. L’IRM avec trois heures de retard
(erreur de planning dans la programmation) qui se fait finalement sans anesthésie (produit ingéré trois heures trop tôt, pour rien). 2nd
stress. 1ère colère.
Rencontre avec le chirurgien. Il est formidable, les nombreux forums de discussion sur internet le présente comme un demi-dieu, humain, sensible et compétent…un génie ! Il explique tout : le
geste chirurgical, le petit dessin pour comprendre, l’opération comporte des risques comme toutes les interventions, mais
celle-ci peut être sanglante et nécessiter une transfusion sanguine… La colère a disparu car le chirurgien est rassurant. Mais il faut opérer au plus vite. Avant trois mois si tout va
bien. 3ème stress. 1ère angoisse.
L’opération est calée au mois de mai. On se prépare. On Le prépare. On achète une trousse de docteur pour soigner Doudou. Le temps passe vite. Déjà
avril. La famille s’organise, se mobilise. La Grand-Mère, les tantes…On pose des semaines de congés. Elles passeront tous les jours { l’hôpital.
Des dizaines de questions fusent : elle est où l’entrée de la Timone ? Est-ce qu’on peut rester en réa avec lui ? Combien de temps avant de réintégrer la chambre ? Combien de jours en tout ?
Est-ce qu’il souffrira ? Est-ce que c’est pris en charge par la Sécu ? Est-ce que le chirurgien pratique des dépassements d’honoraires
? Est-ce je pourrai dormir dans sa chambre tous les soirs ? Est-ce qu’il y aura des traitements ?... 4ème stress. Angoisse niveau 2, 3, 4, 5. Je n’en dors plus.
Journée de bilan pré-opératoire : radiologie, électro-encéphalogramme, prise de sang, examens en tous genres... Ca dure toute la
journée. Arthur en a marre. Il voudrait rentrer à la maison. Nous aussi ! Mais il faut encore rencontrer l’anesthésiste. Antipathique, presque de mauvais poil. Pourvu que ce ne soit pas lui le
jour de l’intervention. J’ai le malheur de demander ce que signifie « j’autorise le corps médical à pratiquer toute intervention qu’il jugerait utile » ? On
me demande de signer. Je repose la question. Que croyez-vous madame ? qu’on est dans un hôpital des favelas et qu’on fait
du trafic d’organes ? Ce n’était qu’une simple question pauvre con pour rassurer une maman dont l’estomac reste noué depuis 1 mois. 5ème, 6ème, 7ème stress ! Angoisse et colère puissance
12. Je l’aurais giflé si j’avais été certaine qu’il ne soit pas l’anesthésiste de l’intervention.
L’intervention approche. Deux semaines avant la date fatidique, coup de fil de la secrétaire du chirurgien. Le directeur de la Timone vient de leur annoncer que les travaux de la réanimation vont
commencer. Le service va être déplacé. Toutes les interventions doivent être reportées un mois plus tard. Le
stress retombe. L’angoisse aussi. Oui mais on s’était tous organisés. La colère revient. De toute façon on n’a pas le choix. C’est comme ça. On reporte ok. 1er report.
1 mois après c’est le chirurgien qui appelle en personne. Il est désolé mais il refuse d’opérer tant que les conditions d’accueil
du service de réa ne seront pas bonnes. Il a fait part à la Direction de sa colère. Il a
raison. J’approuve. On décale à quand ? 1er septembre ! Si loin ? Il n’a pas d’autres choix. 2ème report. 2ème annulation de congés. Plus assez d’énergie ni pour la colère ni
pour l’angoisse. C’est mon enfant qui stresse maintenant. Il ne comprend plus rien.
Mon patron est compréhensif mais comment vas-tu faire pour le début de ta nouvelle mission le 15
septembre ? Je gèrerai. L’été a été très long.
Entrée à la Timone le 31 août au soir. On n’y croyait presque plus. L’attente devant le bloc au petit matin. L’anesthésiste vient chercher mon fils et le prend dans ses
bras. Il est souriant, gentil, calme. L’opération s’est bien passée. Le Professeur Kreitmann est un Dieu pas à demi, je le confirme. Ca s’est passé il y a deux ans et demi.
L’opération aura été reportée deux fois. Je pensais que c’était accidentel. Les travaux. C’est toujours long, parfois incertain.
Oui mais voilà. On est en 2011. Et les opérations sont toujours reportées. Pourquoi ? Il n’y a pas de service réa dédié au service de chirurgie cardiaque pédiatrique. Seulement 12 lits
disponibles. La réa a été refaite en effet. Toute belle, toute neuve. Passant de 14 lits à 12.
Les enfants continuent d’attendre qu’on leur propose une date sans cesse reportée pour être opérés parfois de pathologies cardiaques graves. Le corps médical doit jongler
avec l’urgence, hiérarchiser la gravité des cas…comment font-ils ?
Nous avons la chance inouïe de voir nos enfants soignés et sauvés par des équipes ultra
compétentes. Donnons-leur les moyens de continuer à sauver des vies.
Vous pouvez signer la pétition en ligne :
http://www.lapetition.be/en-ligne/pour-la-cration-de-lits-la-ranimation-enfants-de-la-timone-8745.html
Si vous connaissez des enfants dont les interventions chirurgicales cardiaques ont été reportées et dont les parents pourraient rejoindre le collectif que
nous sommes en train de constituer, n’hésitez pas à nous
contacter.